« les périphéries des villes existent, les villages périurbains sont là, il ne s’agit plus de s’interroger sur leur légitimité à être, mais de réfléchir à l’amélioration de l’existant »

Eric Charmes, La revanche des villages, La vie des idées, 24 octobre 2017


Alors que la ville dense est valorisée (durabilité, rencontre, mixité), les tissus périurbains apparaissent comme l’antithèse de la ville écologique. Ils sont stigmatisés pour leur consommation irraisonnée des sols, leur dépendance à la voiture et la standardisation des formes urbaines qu’ils engendrent.

Pourtant, ces territoires diffus sont plébiscités par une grande partie de la population, tant pour des raisons économiques que pour la générosité de leurs espaces habités, leur rapport direct à la nature ou les possibilités d’appropriation qu’ils offrent. Il nous semble essentiel de les regarder pour ce qu’ils sont, dans toute leur diversité et leur richesse, sans condescendance ni angélisme.

les qualités de l’individuel dans des formes plus collectives

La question du logement est centrale, et nous sommes convaincus qu’il y a une leçon à retenir des modes d’habiter les territoires diffus. Il est essentiel de trouver une réponse adéquate à la demande de cadre de vie individuel en lien avec la nature, tout en l’adaptant à des formes plus collectives à proximité des transports en commun, limitant ainsi leur impact sur l’environnement. Nous cherchons à allier collectivité et intimité, urbanité et rapport au paysage, en accordant beaucoup d’attention aux imbrications de typologies et à la gradation des espaces du public à l’intime.

le déjà-là comme vecteur de singularité

Peu importe l’échelle d’intervention, notre démarche se fonde sur une attention forte portée aux ressources existantes des sites sur lesquels nous intervenons, vues comme une richesse pour le projet. Nous aimons « faire avec » les lieux et les habitants tels qu’ils sont, et transformer les contraintes en opportunités, faisant du déjà-là un vecteur de singularité.

économie de moyens

Exercer dans ces espaces consiste souvent à jongler avec des budgets de construction réduits. Cette pratique de l’architecture « à l’os » nous pousse vers toujours plus d’épure, évitant toute dispersion. Compacité et simplicité du dessin font émerger des lignes de force essentielles, laissant leur place à la diversité des usages et à l’appropriation habitante.

mises en œuvre alternatives

La dispersion et l’émiettement des territoires diffus rendent leur lecture plus délicate. Pour en discerner les signaux faibles, il faut leur consacrer du temps : vivre hors les métropoles, comprendre la spécificité des modes de vie. Notre formation d’architecte ne nous limite pas à construire, il nous semble important de diffuser les questions architecturales et urbaines dans des lieux qui en reçoivent moins, et défendre l’attention au cadre de vie sur l’ensemble du territoire.

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